L’HYDROCULTURE a déjà séduit de nombreux jardiniers, surtout citadins… En Allemagne, en Suisse ou au Canada, par exemple. Beaucoup moins en France ; peut-être parce qu’elle n’a pas encore trouvé de vendeurs assez convaincants, ou à cause d’un attachement viscéral du Français à la terre. Pourtant, ses avantages sont nombreux.
A végétal donné, de l’arbuste à la plus petite plante aromatique, le volume du » pot » diminue de moitié, voire davantage. En fait, le plus gros problème, pour le moins inattendu, c’est de conserver un bac suffisamment stable et lourd pour maintenir la plante. Car le gain de poids est encore plus spectaculaire. Il faut savoir qu’un litre de terre mouillée pèse entre 1,5 et 1,7 kg, contre environ 0,7 kg/l pour des billes d’argile – avec une réserve d’eau pleine à ras bord – ce qui se révèle très intéressant sur les terrasses ou les balcons.
D’autant que, suprême avantage, le gain en propreté par rapport aux terreaux, humus et autres terres de jardin est surtout appréciable par temps de pluie, quand les bacs sont placés non loin d’un mur, d’une porte ou d’une fenêtre. Enfin, en périodes de vacances, la réserve d’eau, providentielle, réduit les arrosages d’un par semaine à un par mois, selon les plantes et la saison.
En fait, que demande un végétal ? Il absorbe et dissocie le carbone nécessaire à sa structure dans le gaz carbonique de l’air (dioxyde de carbone – CO 2 ) et rejette de l’oxygène grâce à l’assimilation chlorophyllienne, sous l’effet de la lumière. Les éléments nutritifs, minéraux et organiques, sont puisés par les racines. L’eau les véhicule par la sève ; et le sol, enfin, assure l’ancrage et la stabilité. L’hydroculture répond à ces cinq exigences, compte tenu du fait que les éléments nutritifs ne représentent, en masse et en volume, qu’une infime partie d’un sol classique.
L’industrie sait parfaitement les reconstituer sous forme liquide qu’il suffit d’intégrer à l’eau d’arrosage en respectant scrupuleusement les dosages indiqués. Quant à l’enracinement, s’il est parfois (pas toujours) un peu plus long à obtenir que dans la » terre « , il se révèle ensuite tout aussi ferme et définitif, dès que racines et radicelles ont envahi les billes, ou tout autre support. La culture hydroponique convient à quasiment tous les végétaux. On obtient de très belles cactées ou euphorbes en hydroculture, mais il vaut mieux débuter avec une plante qui aime avoir les pieds dans l’eau, du laurier-rose au carré de persil, qui survivront mieux à une tentative de noyade qu’un cactus… Car en hydroculture plus encore qu’en culture d’agrément classique, on a toujours tendance à trop arroser !
Bien qu’il existe nombre de supports, de la laine de roche aux composts d’écorces, fibres de coco, roches volcaniques (pouzzolane), perlite, etc., il est préférable de commencer avec les billes d’argile. Si l’expérience ne vous séduit pas, elles pourront toujours servir à couvrir la terre des pots près de la maison pour limiter les projections, les jours de pluie.
RISQUE DE NOYADE
Avant tout, laissez tremper les billes 24 heures, afin qu’elles s’imprègnent d’eau. Ensuite, achetez une jauge de la hauteur du bac avant de le remplir de billes. Un semis, par exemple de persil, s’effectue exactement comme en terre, directement sur le bac rempli : les petites graines vont se glisser toutes seules entre les interstices, pour germer à la bonne profondeur.
Dans le cas d’une plante en pot ou conteneur, il faut l’extraire délicatement et laisser tremper la motte dans l’eau d’une bassine jusqu’à ce que la terre commence à s’évacuer, en finissant l’opération sous un robinet, avant de tailler légèrement le » chevelu » des racines, sans oublier d’enlever la moindre parcelle de terre.
Après cette opération, à vrai dire assez fastidieuse, il ne reste qu’à maintenir la plante dans sa position définitive et à répandre les billes parmi les racines jusqu’à remplir le bac au même niveau qu’avec de la terre. Les premiers arrosages, avec le mélange nutritif, sont assez délicats. Mieux vaut procéder par de légers arrosages sur le dessus, ou, mieux, pulvériser un brouillard d’eau sur la plante ou sur la surface du semis pendant les premiers jours.
Cette pulvérisation quotidienne, une fois la réserve d’eau remplie sans excès, assure dans la plupart des cas le succès des semis en quelques jours. Par la suite, le plus gros risque, c’est toujours… la noyade ! Selon la situation, en intérieur ou en extérieur, il est indispensable soit de veiller à ne pas dépasser le maximum indiqué par la jauge, soit de percer un trop-plein dans le bac juste au-dessus de ce niveau maximum. Lorsque par la suite la réserve est vide, attendez un jour ou deux avant d’arroser de nouveau.
Le seul vrai problème de l’hydroculture est le manque d’information précise surtout en France, même si des jardineries proposent un rayon spécialisé. Pourtant, depuis ces derniers mois, ce secteur semble être en train de redémarrer, notamment grâce à plusieurs sociétés qui distribuent des accessoires, des systèmes, des engrais et même des ouvrages de vulgarisation qu’elles font connaître grâce à Internet.
Auteurs: MARCEL DONZENAC – Parution: LE MONDE